Liu zi zhi yin, 六字直音, Six sons thérapeutiques
Conférence à la Bellone dans le cadre de « La semaine du son » à Bruxelles, 24 janvier 2011
par Élisabeth Martens
Grâce à une mise au diapason entre un son spécifique et la mémoire cellulaire de la sphère organique lui correspondant, celui-ci se détend, se rééquilibre et se redynamise, d’où l’amélioration de ses fonctions psycho-physiologiques (voir texte conférence ci-dessous). C’est pourquoi les « Six sons » ou « liu zi zhi yin, 六字直音», littéralement : les « six mots (pour dire des) sons corrects », sont aussi qualifiés de « thérapeutiques ».
« Tout est son », disent les anciens de différentes traditions. « Nada brahman » désigne, en sanskrit, l’état de vibration dans lequel se trouve toute chose de l’univers.
Toute matière, inerte et vivante, est parcourue de flux de particules : électrons, neutrinos, bosons, flux ondulatoires qui sont alors de petites quantités de vibrations énergétiques ou « quantum », des « paquets énergétiques », comme les photons qui voyagent à travers l'univers.
Ces flux particulaires et ondulatoires :
-d’une part, ils assurent la cohésion de la matière par les ponts qu’ils installent entre noyaux atomiques, une cohésion qui nous permet d’appréhender la matière comme ayant un volume, un poids, une masse ;
-d’autre part, ils ouvrent des chemins de conduction privilégiés au sein de la matière : des courants électriques et des marrées énergétiques tout aussi réels que la masse, mais de l’ordre subatomique donc invisible
Matière visible ayant masse, matière invisible ayant mouvement, en Chine, on a signifié de longue date cette dualité de la matière par un caractère : Qi 氣. Ce caractère combine deux modules, l’un représente le riz en gerbe, massif, particulaire, alimentaire, un denrée sûre en Chine. L’autre représente des volutes de vapeur qui s’élève en ondulant du riz quand on le cuit. L’un vaut pour le mouvement (onde), l’autre pour la masse (particule), la matière Qi pouvant prendre l’une ou l’autre forme selon les conditions du milieu.
Le Qi des anciens présentait déjà cette dualité, une dialectique discutée par les astrophysiciens d'aujourd’hui. Michel Cassé, un astrophysicien français contemporain, exprime ainsi cette dualité : « deux images s’affrontent perpétuellement dans la lumière et la matière élémentaire. L’une est le grain, l’autre est l’onde. Le grain, ou particule, apporte sa ponctualité, l’onde apporte son flou. Les O-P (onde-particule) se propagent comme des ondes et interagissent comme des particules. » (dans « Énergie noire, matière noire », p.38, Ed. Odile Jacob)
Pour la Chine antique, le Qi est à la fois masse et mouvement, il est un seul et même phénomène qui est responsable de la diversité de tout ce qui existe « sous le ciel », les « wan wu ». « Le Qi est un et ses manifestations sont multiples », dit-on en MTC. Zhangzai au 10ème siècle insiste : « Tout dans l’univers est constitué par le Qi. Les hommes et toutes les choses ne sont formés que d’une seule et même substance, le Qi. »
C’est de ce Qi dont il s’agit dans les pratiques de Qigong. Le terme « qigong, 气功 » est relativement récent. Au cours du 20ème siècle, il a été choisi pour désigner un vaste ensemble de pratiques de santé développées au cours des deux millénaires précédents par les écoles taoïstes. « Gong » signifie avoir une habilité à faire quelque chose, avoir « l’art de… », « avoir la main ». Le « Qigong » est l’art de conduire le Qi vers une cible déterminée. Dans les pratiques d’arts martiaux internes, (le Qigong en fait partie), la cible est en nous-même : elle peut être une pathologie, un blocage psychique, une douleur, une relation conflictuelle, un vieux fantôme, toute chose qui nous empêche d’avancer, d’évoluer.
Le « HuangDi NeiJing » (ou « Traité de médecine interne de l'Empereur Jaune », une compilation médicale du 3ème Ac) va plus loin dans l’appréhension du Qi : « Le Qi ne peut se voir et se comprendre qu’à travers des modifications matérielles ». Cela sous-entend qu'il est matière invisible, ondulatoire, et se rend visible à partir du moment où il acquiert une masse, où il devient particulaire. Le Traité de médecine ajoute : « l’être vivant ne doit pas être compris comme une matière animée par le Qi. C’est le Qi qui s’oriente, et la matière, elle-même énergie, s’anime pour donner le vivant. »
Le « Qi s’oriente, il devient matière, puis matière vivante » : il s’agit bien là du processus de l’évolution. Toute matière, inerte et vivante, est du Qi, elle est à la fois onde et particule.
Toute masse a un état vibratoire, on pourrait même dire « est un état vibratoire ». C’est ce que l’Inde antique avait perçu quand elle disait : « nada brahman ». Pour la Chine, la mêm idée était exprimée par : « tout est Qi ».
Ces mouvements ondulatoires donnent aux vivants un rythme, ou biorythmes. On les observe à différents niveaux du vivant : cycles de divisions cellulaires, rythmes neuronaux, cycles endocriniens, rythme cardiaque (systole-diastole), respiratoire (inspir-expir), cycles ovariens ; horloge circadienne (jour-nuit) à laquelle se superpose des marées énergétiques de deux heures dans le circuit des 12 méridiens principaux (chemins privilégiés du déplacement de l’énergie à travers les organismes vivants) ; cycles annuels avec la floraison des plantes et la migration des oiseaux synchrones avec les saisons, cycles des sphères organiques décrites par la MTC qui connaissent des pics d’activités selon les saisons.
Les biorythmes sont redécouverts aujourd’hui et reçoivent des modèles mathématiques qui les décrivent et les quantifient. Les Chinois ont très tôt mentionné ces biorythmes, mais ils ne les ont pas traduit en formules mathématiques. Par contre, ils ont observé leur mouvement d’alternance, de type in-out, comme dans la respiration, et leur ont donné un emblème : le yin-yang, un synthème qui résume l’oscillation du vivant.
« Yi yin yi yang zhi wei dao, 一阴一阳之谓道 » : une fois yin une fois yang tel est le dao, ou telle est la régulation de la Nature.
Ces mouvements alternants yin-yang sont omniprésents dans le Taijiquan, un art martial interne proche du Qigong, mais plus connu chez nous. Plusieurs choses différencient pourtant ces deux arts mariaux internes. La plus évidente, c’est que dans le Taijiquan, on apprend une suite de mouvement, yin et yang, qui s’enchaînent l’un l’autre. La mémoire corporelle est importante. Alors que dans le Qigong, ce sont des exercices indépendants les uns de autres qui combinent la détente, la respiration, le mouvement, la conscientisation et le plaisir.
Mais un principe est le même pour tous les arts martiaux internes, c'est qu'il s'agit d'un art de « nourrir la vie », ou « yang sheng gong , 养生功 », par une mise en phase entre le pratiquant et son environnement.
Or, notre environnement est un bouillonnement d’ondes électriques, électromagnétiques, sonores qui se mêlent et s’entrecroisent, c’est un réseau complexe de vibrations diverses qui se répondent et dans lequel on est sensé voyager sans perdre l’équilibre, ni le rythme ! Sérieux défi !
Chaque être humain est lui-même un vaste champ vibratoire : chaque partie de nous-même (organes, tissus, squelette, L.O...) a sa propre fréquence vibratoire. Ensemble, ces différentes fréquences forment une composition plus ou moins harmonieuse, en tout cas une partition musicale fort complexe qui pour certains ressemble à une morceau de musique contemporaine chaotique. Pour d’autres, il s’agit d’une symphonie pastorale, ou d'une impro de jazz noctambule.
Mais imaginez qu’un instrument de l’ensemble musical soit désaccordé ou qu’un musicien ait oublié sa partition au vestiaire, c’est alors tout l’orchestre qui chavire, le concerto se prend le pied dans l’escalator… Cela crée un sérieux malaise parmi les musiciens, une certaine perplexité s’installe dans le public, perplexité qui peu à peu se transforme en consternation.
On se trouve facilement désarçonné devant une personne qui nous annonce qu’on lui a découvert une tumeur au cerveau, ou qu’on doit l’amputer d’une jambe, ou qu'on le déclare bipolaire… Il se sent tout à coup déphasé, et son état déphasé nous déphase ; ensemble, on perd pied, on perd le rythme.
Un organisme, un organe, un tissus, un ensemble de cellules qui perd sa vibration ou sa résonance naturelle est en dérégulation physiologique. Cela peut générer une dérégulation dans son voisinage et, de proche en proche, dérégule tout l’organisme qui, lui-même, en vient à déréguler son entourage.
Cela peut aussi aller dans l’autre sens : un environnement dérégulé, que ce soit par la pollution, la banalisation de la violence, le dérèglement climatique, le trop plein d’infos, l’organisme peut se déréguler, perdre pied. Au niveau organique, puis cellulaire, les fréquences sont perturbées ; ça bouchonne dans les canaux énergétiques !
Les thérapies par le son présentent alors un recours. Elles se basent sur le principe de résonance cellulaire. C sont diverses méthodes pour qu’un organisme, ou un organe, ou un tissus, retrouve sa vibration naturelle par la mise en résonance entre la matière à traiter et des ondes sonores.
Les thérapies par le son sont variées.
- les plus récentes font intervenir des instruments hautement performants, par ex. un émetteur à ultrasons pour dissoudre des calculs biliaires ou rénaux ; mais aussi des instruments qui émettent des ondes à fréquences proches de celles du cerveau (de 0.5 à 20hz : du sommeil profond vers l’éveil, puis des ondes gamma de 30 à 80hz que l’on observe au cours d'une méditation ou d'un état modifié de la conscience). Cette thérapie sonique vise à rééquilibrer les deux hémisphères cérébraux pour favoriser le sommeil, la concentration, l’attention.
- des thérapies par le son plus anciennes font intervenir des instruments de musique, ou divers objets de percussions, des bols chantants, des verres d’eau, des tambourins, des lames de bambous, etc. D’autres font intervenir les cordes vocales : chorales, les incantations, les mantras, les chants liturgiques.
La thérapie par le son qui nous intéresse plus particulièrement est celle des « Six sons thérapeutiques », en chinois : « Liu zi zhi yin, 六字直音 », littéralement : « Six caractères et sons corrects ». On y fait intervenir les cordes vocales, mais ce ne sont pas des sons chantés, ni des incantations, ni des mantras. Ce sont 6 manières de faire vibrer les cordes vocales, grâce à une disposition du tractus vocal, des lèvres, de la langue, des muscles du visage. Le son émis ne doit pas être beau, ni long, ni fort, mais, tout en le projetant vers l'extérieur, il doit être diriger vers l’intérieur pour entrer en résonance avec la sphère organique visée.
En médecine chinoise, On parle de « Cinq sphères organiques » : Rein, Foie, Cœur, Poumon et Rate. Il ne s’agit pas uniquement des organes eux-mêmes ; outre l'aspect anatomique et physiologique de chaque organe, le terme « sphère » indique qu'elle inclut des correspondances avec l’environnement et avec avec un tissus, un organe des sens, un viscère, un état psychique, et même une certaine connivence. (voir tableau)
A chaque sphère organique correspond un son particulier ayant une fréquence qui entre en résonance avec toutes les correspondances de la sphère. En pratiquant le son, on évacue l’élément qui gêne le mouvement libre et la physiologie de la sphère et empêche son évolution.
Son de la Rate : houououou
Quand on rumine, qu’on tourne en rond dans sa tête autour de sujets répétitifs, obsessionnels, la digestion s’alourdit, la concentration diminue. On choisit le son de la rate : houououou, comme le vent sous la porte du grenier qu'on sent vibrer au niveau épigastrique.
Son du Foie : Xüüüü
Si on est plein de rancœur, de ressentiments, de frustrations, de colère, on perd sa labilité, sa curiosité, son imagination... Attention aux raideurs, aigreurs, difficulté de srègles. On choisit le son du Foie : xuuuu, comme une bouilloire qui siffle au coin du feu. On sent vibrer les côtes, par là où passent les méridiens Foie-Vb.
Son du Cœur : heeeee
Si on est « trop dans sa tête », avec une difficulté à redescendre sur terre, de l'hystérie, une sensation d’énervement, on n’en dort plus. On perd le plaisir de la communication et on choisit le son du cœur : heeee, comme des mantras dans la montagne et on sent vibrer le plexus cardiaque.
Son du Poumon : zhiiii
Si on est mélancolique, renfermé, triste et que les défenses immunitaires et psychiques se fragilisent, le rhume ou la grippe ne sont pas loin. On choisit le son du Poumon : zhiiiii, comme le bourdonnement d’une ruche. C'est le haut de la cage thoracique qu'on sent vibrer.
Son du Rein : chuuuiiii
Si on se sent freiné par une angoisse de perte (d’un travail, d’une maison, d’un amour, d’un enfant, etc.), on perd sa libido, des fois on se coince même le dos, plus moyen d’avancer, on choisit le son du Rein : chuuuiii, un son qui ressemble au souffle dans une flûte ou une bouteille et que l’on ressent comme une source qui jaillit des profondeurs de l’abdomen et résonne dans la colonne vertébrale.
Son du Triple Réchauffeur : xiiii
Le son du TR est un son harmonisant et calmant. Il est plus retenu et plus long et favorise le système neurovégétatif : à l’inspir, on amplifie l’éveil, la vigilance, l'attention, à l’expir, on amplifie la détente et le relâchement. Il se fait souvent en dernier pour concrétiser le mouvement yin-yang : « yi yin yi yang zhi wei dao ».
Les Taoïstes ont dessiné une carte routière nous indiquant le chemin à suivre pour ne pas nous perdre durant ce voyage vers l’Interne. Il s’agit du « Neijingtu, 内径图 », ou « carte du paysage intérieur ». Chaque sphère organique est inclue dans un paysage de montagne. Pour les Chinois, la montagne est l’idéal de la nature. Pendant qu’on émet le son, le regard intérieur est dirigé vers la sphère correspondante, comme pour lui indiquer la route. Cette visualisation, ou conscientisation du trajet du son et de la cible, est essentielle pour obtenir un résultat thérapeutique.
Pratique des Six sons thérapeutiques
Les « Six sons thérapeutiques » constituent un ensemble d’exercices qui, comme toutes les pratiques de Qigong, combinent la respiration, le mouvement et la visualisation. Le but des sons taoïstes est de mettre en résonance un son particulier avec les vibrations naturelles de chacune de nos sphères organiques, de projeter le son vers la sphère en déséquilibre afin qu'elle retrouve son état vibratoire naturel.
Anjing Jingshen
On démarre avec une pratique de « anjing jingshen » : « apaiser le corps-esprit », ou « préparer le paysage intérieur » pour une détente profonde.
-ajuster les pieds
-dessiner l'axe HuiYin-Baihui
-détente du visage, sourire
-coeur tranquille
-fangsong de haut en bas : tête, colonne-dos, épaules-mains, thorax-abd., bassin-pieds
-respect pour nos 5 sphères organiques
-respect pour l'extérieur : Ciel-Terre-Wanwu : « je suis dans le Dao, le dao est en moi »
-harmonie entre extérieur et intérieur
Une attention particulière est portée aux organes des sens, à la colonne cervicale et au tractus vocal.
Après avoir calmer la respiration, on la dirige grâce à la visualisation (on la suit du regard intérieur). On peut la diriger vers la colonne, vers un organe, vers le Dan tian, etc. Il est intéressant de jouer avec la respiration pour prendre conscience de l’impact de la visualisation. Par ex., faire descendre l’inspir dans notre axe, et faire monter l’expir, puis inverser le mouvement ; amener l’inspir au DanTian, ou jusqu'au bout des doigts, ou à la racine des cheveux, etc.
Tugu Naxin
Puis on installe la respiration « Tugu Naxin » : « rejeter l’ancien, prendre le nouveau » où l'inspir se fait toujours par le nez en dirigeant l'air frais vers un endroit ciblé, l'expir se fait toujours par la bouche légèrement ouverte pour laisser sortir la chaleur pathogène.
-3 respirations TuguNaxin pour remplir la cage thoracique d'air frais, apnée, puis se débarrasser de la chaleur pathogène logée dans le Poumon et le Cœur.
-3 respirations TuguNaxin pour amener l'air frais dans les organes digestifs et le DanTian inférieur, apnée, relever le périnée, puis se débarrasser de la chaleur pathogène accumulée dans tous els organes et viscères.
-3 respirations TuguNaxin pour remplir le corps tout entier d'air frais, apnée, accrocher les orteils au sol et relever le périnée, puis se débarrasser de toute la chaleur pathogène accumulée à l'intérieur.
Liuyin Zhengyan
Puis on pratique les sons : à l’inspir, on visualise le Qi frais qui vient de l’extérieur et qui nourrit l’Organe. Le son se fait avec l'expir, en même temps on visualise les XieQi (énergies perverses et tensions amenant une accumulation de chaleur pathogène) qui sortent de l’Organe et sont expulsés avec le son. Entre chaque série de sons, on se plonge dans le paysage, la couleur, les fonctions de l’Organe visé.
- son de la Rate: Houououououou
éveil du point RM12 : « préparer le Toufu »
Faire descendre l’inspir jusqu’au Dantian, puis le faire remonter le long de la colonne jusqu’au niveau du système digestif que l’on « ouvre » au niveau des points Shu de la Rate et de l'Estomac. En apnée, on y fait tourbillonner le Qi frais, puis expir sur le son « hhhhhououou » (hhhh aspiré du fond de la gorge) en laissant vibrer les lèvres et l’œsophage. On peut sentir la vibration jusqu’au centre épigastrique, en RM12. Le son se fait en faisant un beau rond avec les lèvres et en les avançant un peu, la langue se met en gouttière.
Pendant le son « houhouhou » : expirer en visualisant la chaleur pathogène qui sort de l’Estomac ; se dégager des lourdeurs digestives et des pensées humides et « collantes », obsessionnelles et ruminantes; inspirer en visualisant la couleur jaune ocre de la Terre, son pouvoir de transformation et nos capacités à pouvoir ingérer, digérer et structurer, organiser.
Après chaque série de sons, visualiser le TR médian comme une vaste plaine vide, avec une tour de garde au milieu du paysage. Elle sert de « dispatching central », de centre organisateur. Tout le pays la voit de loin et, de là-haut, on peut observer tout le pays. Une plaine fertile, jaune ocre, pleine d’alluvions ; une terre argileuse qui va transformer les semences en épis de blé. Visualiser les correspondances de la Sphère Rate : ramener à soi, transformer, redistribuer autrement.
- son du Foie : xxxuuuuuu
éveil du point F14 : « la tasse de thé »
L’inspir se fait jusqu’au DanTian, remonte la colonne jusqu’au niveau des dorsales et pénètre le TR médian par les points Shu du Foie et de la VB. L'air frais le rend volumineux, à l’arrière et à l’avant, au point F14 où on le sent vibrer. L’expir-son se fait lentement en visualisant toutes les colères, les aigreurs, les frustrations qui sortent par la bouche comme des vilains diables grimaçants.
Le son du Foie est sifflant, le rond des lèvres ne laissant qu’un tout petit trou pour l’air. Les lèvres forment un rond et sont poussées vers l’avant, langue en gouttière. Les yeux s’arrondissent et s’ouvrent de plus en plus pendant le son.
Pendant le son « xxxuuuuu », évacuer la chaleur pathogène du Foie, avec ses émotions refoulées, ses rancœurs, ses frustrations et colères ; inspirer en visualisant le Foie, l’organe le plus volumineux du corps, doux et souple, gorgé de sang, prêt à distribuer généreusement son sang et à réguler la direction des différents Qi, condition indispensable pour gérer nos émotions en adéquation avec la situation.
Après chaque série de sons, visualiser les correspondances de la Sphère du Foie : l’acidité des fruits non mûrs, le vent qui fait doucement bouger ses branches, les pousses sortant de terre, la curiosité des animaux au sortir de l’hiver, la souplesse et la curiosité de l’enfant dans la couleur vert-jaune du printemps. Puis l’enfant que vous étiez, assis sous l’arbre en train de rêver et de s’envoler dans son monde imaginaire. Laissez-le se rouler dans l’herbe avec toute sa sphère émotionnelle, son dragon intérieur, sa curiosité, son plaisir, sa pétulance et les colères qui lui permettent de prendre sa place.
- son du Cœur : hhheeeee
éveil des points RM14 et RM17 : « ouvrir le Coeur »
Le son du Cœur est ressenti dans la région du Cœur : le plexus cardiaque se met à vibrer tranquillement, de RM 17 à RM14. Pour pratiquer le son, ouvrir légèrement la bouche, la mâchoire et la lèvre supérieures se mettent un peu en avant, la longue repose au fond de la bouche et forme un petit lac, les coins de la bouche sont légèrement étirés vers la bas, ce qui ouvre les pectoraux et le plexus cardiaque. A la fin du son, le bout de la langue vient se placer contre le palais.
Pendant les sons « hhheeee », évacuer la chaleur pathogène résidant au Cœur et le rendant inquiet, palpitant, insomniaque, balbutiant, trébuchant sur les mots, hystérique, etc. ; inspirer un souffle de fraîcheur rendant au Cœur son calme et sa sérénité, lui permettant de retrouver son chemin et une communication harmonieuse avec les autres.
Après chaque série de sons, visualiser l’emplacement du Cœur baignant dans sa couleur rouge-braise et son paysage de soleil couchant. Le flux du sang envoyé dans les veines par des battements cardiaques réguliers. Le Feu émanant de la circulation sanguine rejoint la chaleur rénale, l’Eau du Rein vient rafraîchir le Cœur. Cette indispensable régulation Eau-Feu est représentée par la « coupe cardiaque et le chaudron rénal ».
- son du Poumon : zzzhhhiiiiiiii
éveil du point P1 : « l'aigle se retourne en plein vol »
Visualiser les deux poumons, gauche et droit, se remplissant d’un liquide blanc très léger, comme de la vapeur blanche ou un petit nuage qui « lave plus blanc que blanc » ; inspirer à partir du fond des poumons (diaphragme descend), le liquide monte jusqu’aux clavicules, puis aux cervicales et omoplates ; expirer lentement en sentant la chaleur sortir de la bouche et laisser se dégonfler les poumons ; les épaules, le haut du dos, les clavicules se détendent. Expir avec le son zzzhhhhiiiiii en laissant les poumons se dégonfler. Le son se fait en étirant la bouche vers la commissure des lèvres, dents des mâchoires sup. et inf. sont alignées, la langue retient un peu le son derrière les dents, les muscles du cou sont tendus pour faire vibrer le haut de la cage thoracique, en P1-2.
Pendant les sons, expirer en visualisant les poumons qui se vident de l’air vicié (chaleur pathogène), mais aussi des tristesses et des chagrins accumulés au fil du temps. Puis, inspirer du « Qi pur de l’air » (air frais) dans les poumons en visualisant l’éclat de la couleur blanche et les qualités associées au Poumon : établir des limites, construire ses défenses, défendre son territoire, développer un caractère fort sans dépendances, se sauvegarder.
Après chaque série de sons, visualiser le Poumon comme une frontière entre l’interne et l’externe, les limites de notre territoire, une frontière à consolider et à perméabiliser grâce à la pratique des arts martiaux internes, dans la couleur blanche et tranchante, comme les armes ; apprendre à aiguiser ses réflexes et à établir ses limites ; construction de sa bulle, solide et perméable à la fois, construire ses défenses tant immunitaires que psychiques.
- son du Rein : Chuuiiiiii
éveil des points VB25 à la taille : « la tortue sort sa tête »
Inspirer en faisant descendre le diaphragme, puis jusque dans le DanTian avec l’idée de faire gonfler notre océan (image associée au DanTian : un grand océan plein de vie, d’un bleu profond), le faire déborder de toutes parts. L’inspir passer par le périnée, puis remonte à l’arrière jusqu’à Ming Men (niveau taille), il remplit le bas du dos et monte la colonne ; expirer en laissant doucement revenir le diaphragme. Le son se décompose en 2 temps : d’abord chchchchuuuu, comme pour siffler dans une bouteille, il fait le bruit du jaillissement d’une fontaine (beaucoup d’eau à travers un tout petit trou), la langue est concave (creusée) ; puis iiiiiiiiiiii, comme l’eau qui retombe du haut de la fontaine, en parapluie, la langue est convexe (touche le palais). Une bascule du bassin vers l’avant, de plus en plus marquée, aide à accentuer le son, qui doit être retenu par la langue.
Pendant les sons « chuuuiiiii », expirer en visualisant la chaleur pathogène du Rein accumulée à cause des angoisses, des peurs, des frayeurs ; inspirer le désir de vie dans le Rein, visualiser sa couleur bleu foncé (profondeur de l’océan) dans la quelle des poissons se poursuivent allègrement.
Après chaque série de sons, visualiser dans le Ming Men : l’œuf que nous étions et qui s’est développé pour donner le DanTian, visualiser la place que prend le DanTian, sa connexion avec le « muscle des ancêtres » à l’avant, le sacrum à l’arrière, les organes génitaux et le périnée en bas, ses « tentacules » que sont les 8 méridiens extraordinaires (e.a. Du Mai et Ren Mai), visualiser ce « laboratoire de la vie » dans la couleur et l’animation d’un océan.
- son du TR : xxxxxiiiiiii
éveil des points RM4-12-17 : « pousser le Ciel des deux mains »
Le son du TR est un son assez sifflant, parce qu’il retenu par la langue posée à l’arrière des dents, les mâchoires sont légèrement et naturellement posées l’une au-dessus de l’autre, ce qui donne une sensation de vibration qui va des dents vers les oreilles, les coins de la bouche sont un peu étirés, comme pour faire un sourire forcé.
Pendant les sons, laisser sortir la chaleur pathogène du MC engendrant des nœuds d’angoisse au niveau du plexus cardiaque et réduisant la respiration. Inspirer en visualisant les cascades d’eau fraîche qui dévalent des montagnes (du cerveau-cortex) et viennent nettoyer et rafraîchir les trois niveaux organiques.
Après chaque série de sons, visualiser les trois réchauffeurs dans leur densité particulière et leurs fonctions : l’égout en bas, la mare au milieu et la brume en haut. Ressentir ces trois niveaux grâce à la respiration : faire descendre l‘inspir jusqu’au DanTian, le remplir à l’avant, puis à l’arrière et laisser remonter l’expir par la CV. On peut le visualiser comme une petite bille de lumière qui monte chacun des échelons de la colonne, arrivée en haut, elle redescend avec l’expir, jusqu’au DanTian.