Ben – Biao, la Racine et la Branche
par Elisabeth Martens, le 12 février 2012
Contrairement à ce qui est communément répandu en Occident, la MTC ne recherche pas la « cause » d’une maladie. Ni la pensée chinoise ni la médecine chinoise ne fonctionnent dans une pensée de « cause à effet ». Cette démarche est au contraire typique de la médecine occidentale qui ne peut nommer la maladie qu’à partir de ce qui l’a engendré (par ex .: tel virus a provoqué telle grippe).
La MTC s’intéresse au patient de la même manière qu’un peintre chinois s’imprègne d’un paysage : ce qui importe est la vue d’ensemble, l’impression qui en ressort. Le patient est considéré par le médecin comme un paysage plus ou moins harmonieux, à un moment donné.
Ce qui précède ce moment n’entre en ligne de compte que dans le sens où cela a pu forger chez le patient un certain « Terrain » propice à engendrer telle déviance plutôt que telle autre. Le Terrain du patient est déterminant pour établir un diagnostic correct, il permet aussi de prévoir une évolution du Tableau pathologique du patient.
Les termes de « Racines » et « Branches » désignent d’une part le Terrain du patient (les « racines » du déséquilibre actuel), d’autre part les manifestations ou les symptômes du déséquilibre actuel (ses « branches »). Ils sont utilisés pour faire apparaître que le Terrain et le Tableau pathologiques font partie du même arbre, donc ils sont inséparables l’un de l’autre. Autrement dit, il n'existe pas de cause extérieure au patient lui-même (hormis le chapitre des « autres causes » : fractures, accidents, etc.)
Le Tableau pathologique ne se comprend pas dans le sens linéaire de : telle cause produit tel effet, mais Terrain et Tableau étant étroitement liés, le déséquilibre global est perçu de manière cyclique.
Ex. : une personne qui présente une tendance à avoir froid, à préférer des boissons chaudes, à retenir de l’eau (œdèmes), à se fatiguer rapidement, etc. (soit un terrain « Vide-Froid ») sera d’emblée moins résistante à un hiver rigoureux. Elle sera plus susceptible que son voisin de contracter des rhumes. Ces rhumes peuvent devenir des bronchites qui, sur ce type de terrain, seront facilement récurrentes. Une chronicité s'installant, le terrain de départ se fragilise d’autant plus, etc. Donc, un terrain tel se transforme préférentiellement en Tableau pathologique tel, le tableau accentue le terrain de départ... et le patient s’installe dans un cercle vicieux qui devient le déséquilibre lui-même, pour lequel Terrain et Tableau se confondent.
Partant de l’acception de la médecine chinoise que corps et esprit constituent un tout indissociable, le cercle vicieux dans lequel s'inscrit le patient touche à la « psycho-physiologie » de la personne, c’est dire que symptômes physiques et psychiques forment un tableau unique.
Pour reprendre l'exemple ci-dessus, un patient installé dans un tableau « Vide-Froid » aura une tendance à refroidir ses émotions, ses relations... son élan à la vie est fortement grippé !