YiJing et pensée des Anciens

 Basé sur la dialectique du Yin-Yang, le Yijing (ou « Livre des Mutatiions ») est le livre fondateur de la civilisation chinoise. Son histoire n’a pas qu’engendré l’écriture chinoise, elle a aussi marqué les différentes lignées de pensée de l’Antiquité. Confucius, LaoZi, Zhuangzi, Liezi, Mengzi, Mozi… tous les grands noms de l’Antiquité chinoise ont puisé aux hexagrammes du Yijing. Son héritage philosophique, culturel et sociétal est aussi gigantesque que l’est, chez nous, celui de la Bible. Cependant, la comparaison s’arrête là, car si la raison d’être de la Bible est sa promesse d’un Au-delà, celle du Yijing est plutôt d’apprendre à surfer sur les vagues du présent.

Cours ouverts à tous -  Organisé sur demande - Minimum 10 personnes

 Formatrice : Elisabeth Martens, biologiste (ULB), spécialisée en Médecine chinoise à l’Université de MTC de Nanjing (Chine), études en langue chinoise (1988-91) ; chargée de cours de sinologie et thérapeute en médecine chinoise

 

 

Pour le contenu des cours, voir « Table des matières » du syllabus, ci-dessous

"Yijing et pensée des Anciens"


Distinction Chine-Occident

 -les termes "philosophie" et "religions" sont-ils adéquats pour désigner la pensée chinoise? Origine de ces termes en Occ., cela s’exprime-t-il en chinois ?

 -les Indo-européens, similitude de langues et de pensée, polythéisme. Vision cyclique de l'histoire. Hindouisme et Bouddhisme, mais aussi philosophie grecque. Platon et son dualisme: monde sensible et mondes des idées, puis Aristote et son dualisme: forme et matière. Dualisme qui marque l'histoire philosophique occ. et permet l'implantation du christianisme en Occ.

 -les Sémites, monothéistes, et les trois religions de l'Occident: judaïsme, christianisme et Islam. Vision linéaire de l'histoire. Fossé entre Dieu et le monde qu'il a créé, il faut "relier": religare, religion. L'unité de l'être est rompue du fait qu'un Dieu, extérieur à lui, l'a créé. Lutte permanente pour retrouver son intégrité première, lutte pour se faire reconnaître (par lui-même, en premier lieu), esprit de compétitivité de l'Occ.

 -fondement de la pensée chinoise est dialectique, depuis le mythe de la création du monde (PanGu, FuXi, Yijing), marquer sur le tableau historique les grands moments du développement de la pensée chinoise.

 -pensée chinoise n'est pas dualiste (contraires qui séparent), mais dialectique (contraires qui donnent sens au phénomène). Pas d'intervention d'une pensée religieuse, puisque pas de séparation corps-esprit. Ne s'inscrit pas dans le monothéisme sémitique. La pensée chinoise n'est pas dominée, ni même influencée, par une pensée religieuse. Donc, ne s'inscrit pas non plus dans le polythéisme indo-européen

 -Pas non plus de vision cyclique de l'histoire: peu de croyance à la réincarnation, mais recherche de techniques de longévité. Vision linéaire de l'histoire, ex: importance des annales. Vision organique de l’environnement : observation des phénomènes naturels. La pensée se tourne vers le "comment?" vers l'observation des phénomènes naturels, vers l'expérience. Mais peut-on parler d'une philosophie empirique?

 

Fondements de la pensée-langue chinoise

-fondements d’une pensée se lit dans une langue, ex. de la dialectique de la pensée chinoise: inexistence des termes oui/non. Comment affirmer et nier en chinois? Langue, reflet d'une pensée: pas d'exclusion de l'un au profit de l'autre.

 -le pouvoir évocateur des mots: pragmatisme et symbolisme chinois, importance des chiffres pour exprimer des concepts abstraits, développement de la numérologie.

 -mythe de Pangu ou de la création du monde, histoire construite sur une série de contrastes nés d'une unité première d'origine inconnue: le Chaos. Thème de l'oeuf dans les mythes de création ne se rencontre pas qu'en Chine, fondements de la pensée chinoise sont posés dans ce mythe: concept unitaire Yin-Yang et dynamique des 5 éléments qui en découle.

 -Ces deux concepts ont comme source commune: le Chaos qui contient en lui-même les premiers éléments dialectiques. Ce qui amène au concept de Qi que les philosophes chinois, de tous temps, ont essayé de clarifier.

 -quelles approches ont-ils proposé pour expliquer le Qi universel? Approche qui rejoint le « matérialisme » et la « dialectique », similitudes avec la conception de la « matière » qu’ont les sciences exactes et quantiques aujourd’hui

 -Fuxi, héros mythique de la préhistoire chinoise, période chasse et pêche. Véritable ancêtre de la pensée chinoise, représentant de l'apparition de la conscience dans le vaste champ de l'inconscient. Pensée mathématique à la base de l'évolution dialectique de la pensée ch. et de la possibilité qu'elle se perpétue grâce au graphisme.

 -Concept Yin-Yang, tableau des trigrammes et hexagrammes, symbolisation d'une pensée dialectique. Phénomène espace-temps dans le concept yin-yang, du monde nouménal au monde phénoménal.

 

YiJing, le Livre des Mutations

 -l'écriture est très vite devenue autre chose qu'un support économique (entreé-sortie de marchandises): premières inscriptions sur os brûlés et carapaces de tortue, support à la culture chinoise et à sa perpétuation.

 -mise en correspondance avec l'importance d'une liaison entre les générations passées et futures: Culte des ancêtres et Culte du sol (Printemps et automne, on ouvre la terre et on la referme). Passage nécessaire des rituels collectifs au chamanisme, divination, carapaces et tiges d'achillée.

 -Le hasard en Chine et Occ., utilisation du phénomène de synchronicité ou mise en résonance d'un inconscient individuel avec l'inconscient collectif et production d'images archétypales. YiJing et inconscient.

 -Yijing et code génétique, le question posée : notre manière de structurer un raisonnement est-elle un copier-coller de la manière dont s’agence les matériaux du vivant ?

 -Yijing: succession d'images archétypales, valables à n'importe quelle époque et pour n'importe quelle culture. 64 cas de figure du comportement humain, agencement mathématique des hexagrammes calqué sur la configuration des 8 trigrammes de Fuxi.

 -légende du Yijing : Wen Wang, duc de Zhou, livre de divination, Confucius et suivants. Pourquoi une légende ? Histoire du YiJing telle qu’en archéologie

 

Héritage culturel du Yijing

 -contexte historique de l’envol du YiJing, organisation sociale et politique sous les Zhou de l'ouest. Ex. d'applications concrètes de la numérologie "philosophique" (Hetu et Loshu) à la vie quotidienne et aux affaires de l'Etat: Ming Tang et Jing Tian.

 -destruction des seigneuries, passage à l'époque Chunqiu (Printemps –Automne), éloignement entre la cour et le peuple, destruction des rites collectifs antiques. Apparition de la classe des lettrés.

 -schisme au sein des lettrés, deux courants philosophiques se dessinent, les « mystiques » et les « rationalistes » (anciennement, sous les Shang: sorciers et annalistes), origine du Taoïsme et du confucianisme.

 -source commune du Taoïsme et du confucianisme, l'homme spatial et l’homme temporel, modèles impersonnels qui se complètent plus qu’ils ne s’opposent. Au cours de l'histoire: éclipse de l'un, puis de l'autre, mais jamais de disparition des deux tendances.

 -chamanisme et pré-Taoïsme. Laozi, son enseignement, le Dao De Jing, ses disciples. Zhuangzi, poète et philosophe taoïste du 3ème AC. Evolution du Taoïsme, croyances, pratiques de longévité.

 -Kongzi (Confucius), sa vie, son enseignement, ses disciples. Réactions au Confucianisme, Moïsme et Légisme pendant les "Royaumes combattants". Reprise du Légisme par Qin Shi Huang Di, premier empereur. Dynastie des Han, dynastie modèle, retour au Ritualisme confucéen.

 -héritages direct du YiJing, école des naturalistes ou école du yin-yang, école du calendrier, et médecine traditionnelle chinoise